A la recherche du ministre social

A n’en pas douter, nous devrions voir dans les prochains jours Agnès Buzyn labourer les déserts médicaux, voler au secours des maisons de santé et prendre le pouls d’un hôpital essoufflé.

Ce faisant, la ministre de la Santé suit à la lettre la feuille de route adressée cet été par Edouard Philippe à tous les membres de son gouvernement. Sur ce chemin balisé par la technostructure, elle doit au passage improviser et éteindre les incendies sanitaires, comme, par exemple, l’affaire du Levothyrox.

L’ancienne patronne de l’INCa et de la HAS (1) sait que, dans son ministère, couvent des foyers qui peuvent à tout moment se réveiller. Lorsque quelques pyromanes inspirés soufflent sur les braises, les aléas se transforment alors en crise sanitaire.

Mais Agnès Buzyn pourrait, dans les semaines à venir, incarner une autre rôle que celui du pompier dévoué. En jouant une partition beaucoup plus politique. L’orientation plutôt libérale donnée par l’exécutif dans les ordonnances sur le code du travail, la suppression de l’ISF, certaines déclarations d’Emmanuel Macron  feraient pencher le gouvernement trop à droite. Certains membres de cabinet et même des ministres se plaindraient de cette coloration trop marquée, révèle Cédric Pietralunga dans Le Monde daté du 12 octobre. « L’absence d’une grande voix de gauche au sein de l’exécutif est désormais ouvertement pointée du doigt », appuie le journaliste.

Face à cette équipe de techniciens qui entourent Emmanuel Macron, les regards se tournent vers la ministre de la Santé qui est aussi celle des Solidarités. Son CV plaide en sa faveur.

Une carrière brillante dans le service public, un attachement aux conditions de vie des malades, une femme à l’écoute des souffrances, sur le papier, Agnès Buzyn serait le contrepoids social idéal. Et la santé, le terrain de reconquête de l’opinion.

Un autre président avait fait le même calcul à l’approche des élections. En donnant à Marisol Touraine le soin de mener la réforme du tiers payant généralisé jusqu’à son terme, François Hollande pensait envoyer un signal fort au peuple de  gauche. Ce pas en avant s’est terminé par deux pas en arrière, ponctuant ainsi de manière magistrale la valse hésitation du précédent quinquennat.

Cette réforme a réveillé la colère des acteurs de santé sans pour autant griser les assurés. Sans doute y ont-ils vu une manipulation grotesque qui, sous couvert d’égalité d’accès aux soins, portait en son sein l’introduction d’une médecine à deux vitesses.
Le bon sens populaire a parlé. Les remèdes pour affronter les virus de notre système de santé ne se trouvent pas plus dans la pharmacie de gauche que dans celle de droite. Donner un cadre politique aux chantiers d’Agnès Buzyn, c’est, à coup sûr,  remplir les rues de manifestants qu’ils soient en blouse blanche ou en bleu de travail.

C’est dans la capacité de la ministre de la Santé d’être à l’écoute, d’appréhender les difficultés et de répondre de manière pragmatique que ce gouvernement montrera sa détermination à être en phase avec le peuple. Autant de qualités dont peut se prévaloir Agnès Buzyn. Inutile d’en rajouter !
(1) Institut national du cancer, Haute autorité de santé

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