Un Grenelle de la santé 3.0. Dans le cadre de l’élaboration de sa stratégie nationale de santé, le gouvernement vient d’ouvrir une consultation publique via internet. Durant un mois (du 6 au 25 novembre), chaque citoyen peut donner son avis sur un espace dédié et réagir avec des propositions à quatre grandes thématiques : promotion de la santé et prévention, lutte contre les inégalités sociales et territoriales, qualité et pertinence des soins, innovation et place des citoyens dans la gouvernance du système de santé.
Gagner du temps, faire vivre la démocratie sanitaire, donner du grain à moudre aux corps intermédiaires, cet énième recours à la vox populi sur la politique de santé cache-t-il une opération d’enfumage. Faisons le crédit à la ministre de la Santé d’avoir limité dans le temps cette concertation citoyenne à la différence des précédentes qui s’essoufflaient pendant des mois.
Et soyons optimiste.
Le système de santé français souffre de son succès. Egalitaire dans l’accès aux soins, il prive une partie importante de la population de l’innovation thérapeutique. Alors que le pays est l’un des six plus gros consommateurs de soins de l’OCDE (11 % du PIB), nous pointons au quinzième mondial en terme d’efficience. En dans d’autres termes, nous dépensons beaucoup d’argent, mais, souvent, à mauvais escient.
La maladie est identifiée mais connaît-on les remèdes ? Les citoyens peuvent-ils participer à l’élaboration du traitement ?
Médecin averti, Agnès Buzyn sait l’intérêt de recueillir un deuxième avis médical face à une pathologie lourde.
C’est justement que ce préconise la Fondation Concorde dans une analyse publiée cette semaine. Sur-prescriptions d’examens et de médicaments, d’actes médicaux et chirurgicaux, parcours de soins inappropriés, 25 % des soins seraient inutiles, rappelle le think tank.
« La généralisation d’un second avis médical pourrait ainsi permettre à la Sécurité Sociale d’économiser entre 38 et 50 milliards d’euros par an », écrivent les auteurs de l’étude. Expérimentée en France dans le cadre du plan cancer et dans d’autres pays, cette pratique collaborative a fait ses preuves. Elle est au cœur de la problématique de la permanence de soins qui suppose de mieux soigner à moindre coût.
Un changement des mentalités s’impose donc chez les professionnels de santé. Par exemple, à l’hôpital, avec une réduction de la durée de séjour ou du recours à l’IRM ; en ville, avec l’obligation pour le médecin traitant de donner accès au patient à son dossier médical. Et que ce dossier soit réellement partagé entre tous les acteurs de soins. Sur ce point, la balle est dans le camp des pouvoirs publics. A eux de jouer !