Chapeau l’artiste !

Le 9 janvier dernier, au 20h de TF1 présenté par Anne-Claire Coudray, Stromae nous a offert un grand moment de télé. Cassant les codes convenus des interviews d’artistes, le chanteur a profité de l’occasion pour retracer en chanson une histoire chaotique. « J’ai parfois eu des pensées suicidaires, et j’en suis peu fier. On croit parfois que c’est la seule manière de les faire taire, ces pensées qui me font vivre un enfer ».
Résultat, 7 millions de téléspectateurs pour le journal et une dizaine de millions de plus sur les réseaux sociaux.
Le directeur de l’Organisation mondiale de la santé a salué l’initiative de l’artiste pour avoir mis « en lumière le sujet difficile du suicide ».

Complaisance de la chaîne, mélange de l’info et du divertissement, le procès des procureurs ne s’est pas fait attendre. Ces gardiens du temple, ceux qui se délectent des polémiques pour mieux se confiner dans l’immobilisme, ont dénoncé cette « mise en scène ».
Alors, à tous ceux qui détiennent la vérité, planqués derrière leur stylo ou leur micro, on pourrait objecter que cette initiative a été saluée par les psy confrontés tous les jours au fléau du suicide.
On pourrait citer Walid Mekeddem, généraliste connu sous le pseudo Aviscène sur les réseaux sociaux, qui parle du « meilleur spot de prévention jamais réalisé ». Ou encore le Dr Christophe Debien, psychiatre au CHU de Lille et coordinateur du 3114, le numéro national de prévention du suicide. « Parler de suicide et de maladie mentale dans les médias est une chose rare. Face à une personnalité populaire, il y a un phénomène d’identification vertical. Ces célébrités ont donc une responsabilité », a- t-il indiqué dans un entretien au Figaro.
On pourrait enfin expliquer que l’effet Papageno bien connu des médecins peut être bénéfique pour de nombreuses personnes. Parler de « pensées suicidaires » mais pas de passage à l’acte, montrer que l’on peut surmonter ses démons, c’est donner une note d’espoir à tous ceux qui sont enfermés dans leur mal-être. C’est aussi délier les langues de celles et ceux qui éprouvent un terrible sentiment de honte.

On pourrait dire tout ça mais à quoi bon ? De ces arguments, les censeurs n’ont que faire. Pour eux, tout est question de posture.

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