Tous ceux qui estimaient que le Français était un grand râleur peuvent désormais ranger leur image d’Epinal dans leur poche. Interrogés par Kantar public pour le compte de l’Institut Paul Delouvrier (1), 72 % des citoyens se disent satisfaits de leurs services publics.
Oubliés les retards dans les transports, les attentes aux urgences ou les grèves des enseignants, près d’un usager sur deux a une opinion positive des services publics.
Et pour la première fois, la santé publique entre dans le top 3 de leurs priorités (42 %), derrière l’emploi (48 %) et devant l’Education nationale (37 %). Et même si la tendance est en léger recul par rapport à 2016 (- 3 points), deux Français sur trois estiment que des économies sont encore possibles dans le secteur sanitaire.
La ministre de la Santé, elle, va plus loin sur l’hôpital. Dans les colonnes de Libération, Agnès Buzyn estime même que « nous sommes arrivés au bout d’un système ». Selon elle, « une restructuration de nos hôpitaux est indispensable ». La ministre dénonce la tarification à l’activité qui oblige l’hôpital public à « concentrer sur des activités rentables », les « actes non pertinents » et l’inadaptation du système à « un population vieillissante ». Autant de fractures qui ont émoussé la confiance des équipes et écorné la mission de l’hôpital.
Pour redonner de « la valeur ajoutée », Agnès Buzyn entend réorienter l’hôpital vers la prise en charge pluridisciplinaire des maladies chroniques et « rééquilibrer l’activité » des établissements avec la médecine de ville.
Dans son dernier rapport, la Cour des comptes rappelait qu’avec 90,8 milliards d’euros, la part des dépenses hospitalières représentait 4,2 % du PIB en 2015 en France contre 3,3 % pour l’Allemagne en 2014.
Cette « prédominance coûteuse de l’hôpital » et cette « répartition défectueuse » serait, selon la Cour, préjudiciable en termes de qualité des soins et de dépenses.
Pour les seules prothèses de genou ou de hanche, rappelaient les auteurs du rapport, une « diminution de la durée moyenne de séjour d’un jour et demi – sans même aller jusqu’à une prise en charge en ambulatoire, génèrerait une économie annuelle de 45 millions d’euros par an » .
(1) Enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 2549 personnes entre le 25 octobre et le 8 novembre 2017.