Déserts médicaux : le piège du numerus clausus

Recalé lors de la composition du gouvernement Macron, Olivier Véran fait feu de tout bois pour occuper l’espace au Palais Bourbon. En jetant des pavés dans la mare avec, bien souvent, les encouragements de l’exécutif.
Cette fois, le député LREM de l’Isère part en guerre contre le numérus clausus. Mis en place il y a 45 ans, ce système, basé sur un concours, fixe tous les ans par arrêté le nombre d’étudiants en médecine admis en deuxième année. Le nombre de places ouvertes a retrouvé à peu prés son niveau initial (8205 pour 2018, 8600 en 1972) après d’importantes fluctuations au fil ans (3 500 les années 90).

Avec un taux d’échec de 80 %, ce « dispositif est périmé », constate le neurologue. « Le numerus clausus, appuie-t-il, n’est qu’un instrument qui empêche les jeunes Français de faire médecine en France ». De fait, de plus en plus d’étudiants français contournent cette muraille en suivant une formation médicale dans un autre pays européen. Dans le même temps, le nombre de médecins étrangers qui exercent dans l’Hexagone ne cesse de croître. En 2017, recense l’Ordre, « on dénombre 22 619 médecins à diplôme étranger » sur le territoire, soit 11 % de l’activité régulière.

Si le mode de sélection des étudiants en médecine mérite certainement une révision profonde, il serait réducteur de penser que la suppression du numérus clausus sera la potion magique face aux déserts médicaux. Toute mesure qui irait dans ce sens ne produirait des effets que dans dix ans. Les assurés qui ne trouvent plus de généraliste dans les villages et les grandes villes, ceux qui patientent des mois pour consulter un spécialiste attendent une réponse plus rapide de la part des pouvoirs publics.

La question n’est pas tant le taux de médecins par habitant mais bien les crises de vocation, le manque d’attractivité et la pénibilité qui gangrènent l’exercice médical.

Sur les 290 000 médecins inscrits à l’Ordre, 68 % seulement (200 000) ont une activité régulière. De moins en moins de diplômés vissent leur plaque pour exercer une activité libérale, en particulier la médecine générale. Et ceux qui le font, aspirent à un mode d’exercice mixte et/ou à temps partiel. La féminisation du corps médical (38 % des effectifs en 2007, 48 % en 2017) a accéléré ces tendances.

L’heure du sacerdoce médical a sonné, vive les horaires de bureau et, pourquoi pas, le salariat. Les incitations financières, les mesures coercitives, la suppression du numerus clausus ne pourront rien face à l’aspiration de la jeune génération à concilier vie professionnelle et personnelle. Et ceux qui la représentent auprès des pouvoirs publics se cramponnent à des articles du code de déontologie qui garantissent la liberté de choix du médecin (article 6), la liberté de prescription (article 8) et au code de la sécurité sociale qui promet une liberté d’installation. Sans se demander si ces grands principes fondateurs d’une médecine dite libérale ont résisté à l’évolution de notre société.

 

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