Parcours de soins : un long chemin

Big bang ou big flop ? Ce n’est que dans quelques mois que l’on saura si les mesures annoncées cette semaine par le Premier ministre pour réformer notre système de santé sont à la hauteur du chantier. Un hôpital au bord de la crise de nerf, exsangue financièrement, et une médecine de ville qui ne couvre plus les besoins de la population. Avec en prime, deux mondes qui s’ignorent.
Ce cloisonnement rend le système coûteux (11,7 % du PIB), parfois insupportable pour les patients (délais d’attente pour voir un spécialiste ou pour passer une IRM) et souvent inefficient (20 à 30 % d’actes inutiles).

Face ces questions que les précédents gouvernements ont effleurées, Edouard Philippe a, lui, affiché sa détermination. « On aurait pu corriger deux ou trois choses ici ou là. Mais les Français ont conscience que le temps des rafistolages est révolu », a indiqué le Premier ministre le 13 février lors de son déplacement à l’hôpital Simone-Veil d’Eaubonne (Val-d’Oise) pour présenter sa Stratégie de transformation du système de santé.

Pour en finir avec cette offre de soins « cloisonnée » et qui encourage la « course aux volumes », la ministre de la Santé se donne jusqu’en mai prochain pour faire plancher les partenaires sociaux et les associations sur cinq grands travaux (1). Tous doivent concourir à la mise en place ou à l’amélioration du parcours de soins des patients.

L’étude publiée cette semaine sur la chirurgie bariatrique en France par la Dress (2) conforte l’objectif d’Agnès Buzyn.
Destinée à traiter les personnes atteintes d’obésité morbide (3), cette technique a connu un essor sans précédent au fil des ans. « Le nombre d’interventions a été multiplié par 20 passant de 2 800 en 1997 à 59 300 en 2016 », souligne le rapport qui note que « ces chiffres sont plus élevés que dans plusieurs autres pays ».
Alors que la France a une prévalence cinq fois moins élevée d’obèsité morbide que les Etats-Unis (Obépi 2012), le taux de recours à la chirurgie bariatrique s’élève à 8,4 pour 10 000 contre 6,1 outre Atlantique.
Six opérations sur dix (63 %) sont pratiquées dans le secteur privé, principalement sur des femmes (80 %) avec une moyenne d’âge de 41, 6 ans. Les spécialistes prévoient que 500 000 Français pourraient en bénéficier d’ici à 2020.

Aussi révolutionnaire soit-elle, tant dans la perte conséquente de poids que dans la réduction des facteurs de comorbidité, cette technique met en avant les failles de notre système. « On observe d’importantes variations départementales dans les taux de recours », relèvent les auteurs de l’étude sans pouvoir donner les causes exactes. « Un suivi plus aléatoire des recommandations » édictées par la Haute autorité de santé fait partie des hypothèses avancées.

Mais il y plus grave. Alors que la surveillance diététique, psychologique et biologique est indispensable dans le suivi post-opératoire à l’hôpital et en médecine de ville, un patient sur dix (12 %) a honoré son rendez-vous annuel avec le chirurgien ou l’endocrinologue au cour des cinq ans qui ont suivi l’opération, selon chiffres communiqués par l’Assurance maladie en 2016. Et comment les généralistes pourraient-ils prendre sereinement le relais des spécialistes dans la prise en charge avec une consultation payée 23 euros ?

Résultat, les taux de rechute de cette chirurgie seraient de l’ordre de 20 %. L’université de Pittsburgh a publié en 2016 une étude dans Surgery for Obesity and Related montrant que 11 à 21% des patients avaient eu un problème d’alcool au cours des sept ans suivant leur opération.

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Source : Ameli

(1)Quaité et la pertinence, financement et les rémunérations, numérique et santé, ressources humaines, organisation territoriale
(2) Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques
(3) Indice de masse corporelle supérieure à 40

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