Souvent gratifiée d’un « peut mieux faire » ou d’un « passable » dans la classe européenne, la France vient d’obtenir un prix d’excellence. Une fois encore, elle est sacrée championne d’Europe de la natalité, selon les chiffres publiés cette semaine par Eurostat (1). Sur les 5,148 millions de bébés nés en 2016, 784 325 ont vu le jour sur nos terres. La maman accouche de son premier bébé à 29 ans, en moyenne.
Face à l’effondrement des naissances constaté aux Etats-Unis, l’Union européenne garde donc une certaine stabilité même si aucun des pays n’atteint le taux de renouvellement des générations (2,05 naissances par femme). La moyenne de l’UE s’établit à 1,60. Avec 1,92 (2) en 2016, la France garde la tête du classement devant la Suède (1,85) et l’Irlande (1,81).La Grèce (1,38), le Portugal (1,36), l’Espagne, l’Italie (1,34) ferment la marche avec des indicateurs de fécondité inquiétants.
Faibles jusqu’en 2008, les taux de fécondité dans les pays de l’Est, comme la Lituanie ou la Lettonie, progressent. Alors qu’ils régressent à l’ouest.
L’Europe serait-elle en train d’inverser la tendance ?
L’exemple de la France semble le confirmer. Si les données brutes soulignent notre vitalité en la matière, les évolutions de ces dernières années tempèrent cet optimisme.
En 2017, constatait récemment l’Insee, « le solde naturel, différence entre les nombres de naissances et de décès, est historiquement bas (…). « Le plus faible enregistré depuis l’après-guerre », martelait l’Institut. Cette érosion se confirme depuis trois ans : 17 000 naissances de moins en 2017, 15 000 en 2016 et 20 000 en 2015.
Cette perte de la « dynamique démographique » serait liée à plusieurs facteurs. La crise économique a sans doute pesé dans la baisse du taux de fécondité. Mais l’Insee pointe également la moindre proportion de femmes de 20 à 40 ans. « Cette classe d’âge, expliquent les experts, celle en âge de procréer, a perdu près d’un million de représentantes entre 1993 et 2017 ».
Enfin si le nombre de naissances baisse, celui des décès augmente depuis le début des années 2010. En 2017, 603 000 personnes sont décédées en France, 9 000 de plus qu’en 2016. « L’arrivée des générations nombreuses du baby-boom à des âges de forte mortalité » en est la cause principale.
(1) Office statistique de l’Union européenne
(2) 1,88 en 2017, selon l’Insee