Des ados victimes du porno

C’était une transgression chez les ados, les spécialistes redoutent aujourd’hui que cette consommation devienne une addiction. Un jeune sur cinq de 14 à 24 ans regarde un porno au moins une fois par semaine, selon les résultats d’une grande étude conçue par plusieurs fondations (1) et remise aux Parlementaires.
Accessibles gratuitement sur un smartphone ou sur un ordinateur, les images pornographiques circulent déjà dans la cour du collège et alimentent le quotidien des lycéens. 46 % des garçons et 28 % filles ont en déjà visionné.
Lors de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre dernier, Emmanuel Macron indiquait que la pornographie « a franchi la porte des établissements scolaires. Nous ne pouvons ignorer, soulignait le président de la République, ce genre qui fait de la femme un objet d’humiliation ».

A chaque publication d’étude, les addictologues rappellent les dangers de cette « vision stéréotypée et sexiste ». Avec la représentation d’un homme surpuissant et d’une femme dominée et obéissante, les scènes pornographies heurtent par leur violence des cerveaux en développement. Au moment où l’ado découvre son corps, le porno a l’effet d’un « court-circuit sur l’imaginaire », analysent les médecins. On ne vit plus sa sexualité, on la projette. Avec des effets parfois délétères. A l’écran, le rapport sexuel se limitant bien souvent à une performance, garçons et filles peuvent se sentir complexés à l’idée de ne pas pouvoir la reproduire. Incapables de dissocier réalité et fiction, certains, au contraire, vont s’identifier aux acteurs et réclamer à leur(s) partenaire(s) les mêmes  « prouesses ». D’autres, enfin, vont faire un rejet de toute forme de sexualité.

Dans quelques semaines, le gouvernement doit présenter un plan de mobilisation contre les addictions. Qu’il s’agisse de l’alcool, du tabac des jeux ou du porno, les propositions visant à stigmatiser les consommateurs ou à culpabiliser les parents seraient, à l’évidence, contre productives.
Plusieurs addictologues prônent, par exemple, une interdiction du porno avant 18 ans en rendant payant l’accès aux sites web. Mais une telle mesure peut se concevoir à condition de poursuivre ou de renouer le dialogue avec les jeunes.
A Strasbourg mais aussi dans d’autres villes, des professionnels de santé, des enseignants, vont à la rencontre des collégiens pour les écouter et échanger sur la sexualité. Des plateformes web permettent aux ados de poser des questions ou d’exposer leur mal-être.
Tous ces acteurs de terrain devraient être source d’inspiration pour la puissance publique.  Et avant d’engager de grandes réformes, le gouvernement devrait veiller à faire respecter les lois existantes. « Parmi les 12 millions de jeunes scolarisés chaque année, seule une petite minorité bénéficie tout au long de leur scolarité de séances annuelles d’éducation à la sexualité comme la loi l’a prévu », rappelait en juin 2016, un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les hommes et femmes.

(1) Les addictions chez les jeunes (14-24 ans), étude réalisée par Ipsos pour la Fondation Gabriel Péri, la Fondation pour l’innovation politique, et le Fonds Actions Addictions

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