Il n’y pas une politique économique, d’un côté, et une politique sociale, de l’autre, mais un seul credo : le succès de la première garantira l’avenir de notre protection sociale. C’est ce qu’a martelé cette semaine le président de la République au congrès de la Mutualité française.
Ce faisant, Emmanuel Macron a évité le piège de devoir se situer à droite ou à gauche sur l’échiquier politique. Et pour ceux qui n’auraient pas bien compris le message, le locataire de l’Elysée a développé sa doctrine fondée sur la responsabilité et la prévention. « 50 % de ceux qui sont au RSA y sont toujours quatre ans après », a-t-il rappelé à Montpellier. En dénonçant devant ses collaborateurs « le pognon dingue » consacré l’aide sociale et l’inefficience de ce système, il renvoie définitivement « l’ancien monde » dans le grenier de la politique.
Face aux mutualistes, le président ne s’est pas contenté de dérouler son discours de la méthode. Conformément aux engagements pris durant la campagne présidentielle, il a confirmé la prise en charge à 100 % sur certaines prothèses auditives, couronnes dentaires et lunettes.
Une mesure particulièrement bienvenue, notamment pour les plus démunis qui doivent renoncer, bien souvent, à ces soins coûteux.« Le 100 % santé est une transformation profonde, une conquête sociale importante », a-t-il insisté en oubliant au passage un léger détail.
Cette mesure signe un aveu d’échec de l’Assurance maladie sur ce terrain et donne un large espace aux complémentaires et aux assureurs. L’entrée de ces nouveaux opérateurs casse le modèle classique de la solidarité fondé sur le diptyque cotisations-prestations pour consacrer celui du panier de soins.
Le président de la Mutualité française, Thierry Beaudet, l’a d’ailleurs reconnu en s’interrogeant sur l’impact de la réforme car « il y a une part d’incertitude liée au comportement des Français. Vont-ils se saisir du panier de soins remboursé à 100 % ? », a-t-il ajouté. Cité par le Figaro, un autre acteur se veut plus explicite : « Nous sommes dans l’esprit de faire tout ce qu’on peut, a déclaré Patrick Brothier, président d’Adrea Mutuelle, mais nous sommes des acteurs économiques et toute charge supplémentaire sera difficile à répercuter sans hausse de cotisations. »
Le ton est donné. François Hollande avait ouvert la porte de la santé aux complémentaires, son successeur les a installées dans la salle des commandes.
Le pognon de dingue contribue malgré tout à réduire la précarité et les inégalités. Il représente surtout un formidable redistributeur de moyens. Les bénéficiaires des prestations sociales, toutes, ne placent pas leur argent en bourse. Ils le dépensent aussitôt, pour se nourrir, se déplacer, payer leur loyer…Cet argent retourne donc aussitôt dans le circuit économique et l’état doit bien en récupérer une partie sous forme de TVA. Il doit donc y avoir « en même temps » la réponse du banquier qui n’aime pas gaspiller l’argent, et il a raison, mais aussi la réponse du chef de l’Etat, qui ne peut pas se désintéresser des laissés pour compte. On en rencontre malgré tout beaucoup. Trop.
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