Numerus clausus : changer tout

Pour une fois, tout le monde ou presque est d’accord. Le numerus clausus vit ses dernières heures et Agnès Buzyn devrait lui donner le coup de grâce le 18 septembre à l’occasion de la présentation de son plan de transformation du système de santé.
Instauré en 1972 pour limiter le nombre de médecins en exercice, ce système fixe un quota d’étudiants admis sur concours en deuxième année de médecine.
Cette fonction de régulateur économique et démographique ne marche plus. Pour fixer chaque année ce chiffre, les gouvernements se sont davantage préoccupés des capacités d’accueil des facultés de médecine que de la démographie médicale de la décennie suivante.

Résultat, le couperet du numerus clausus est devenu une machine à perdre. 80 à 85 % des étudiants sont éliminés à l’issue de la première année. Un médecin sur quatre qui s’installe en France a obtenu son diplôme à l’étranger. Et en dépit des nombreuses initiatives d’aide à l’installation, les déserts médicaux se multiplient, notamment en médecine générale. L’offre n’est plus en adéquation avec la demande.

De plus, ce système fabrique des bêtes à concours sélectionnées sur leurs capacités à apprendre par cœur des dizaines de polycopiés et non sur leur faculté à soulager la souffrance, sous toutes ses formes.
Ce n’est pas pour rien si, parmi les rescapés de la première année, plus d’un sur quatre souffrira de dépression au cours de ses études. Un malaise qui se prolongera d’ailleurs lorsque le médecin aura ouvert son cabinet ou exercera à l’hôpital.

Une réforme en profondeur s’impose et la ministre de la Santé semble bien décider à la mener. Selon des informations révélées par France info, deux pistes seraient à l’étude. La première consisterait à laisser aux universités la liberté de fixer le nombre d’étudiants en fonction des besoins régionaux avec un seuil minimum imposé. Dans la seconde, le concours serait repoussé en fin de troisième année. Cette formule permettrait à la fois de donner un bagage universitaire aux recalés mais aussi d’évaluer de manière plus adaptée l’aptitude de l’étudiant à devenir médecin.

Quelle que soit la formule retenue, elle doit s’inscrire dans un plan d’ensemble incluant formation et exercice. Par exemple, la régionalisation du numerus clausus supposerait que le médecin soit contraint de travailler là où il a fait ses études. Aujourd’hui, un interne sur deux fait un choix différent. La liberté d’installation, l’un des piliers de la médecine libérale, volerait ainsi en éclats.

Au-delà des questions de démographie médicale, la ministre doit tenir compte des évolutions de la société et des aspirations de la jeune génération. La médecine générale ne fait plus recette, l’exercice dans des zones sous dotées ne suscite plus les vocations, la pression permanente à l’hôpital fait fuir. C’est donc un maillage entre toutes ces formes d’exercice et des modes d’échange d’informations entre les différents acteurs et les patients qu’il faut inventer.
Aujourd’hui, seulement, un diplômé en médecine sur dix visse sa plaque !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s