Téléconsultation : l’exercice médical bouleversé

Attendue depuis quinze ans, la téléconsultation entre de manière officielle dans le parcours de soins. A partir du 15 septembre, le patient pourra prendre rendez-vous et consulter son médecin depuis son ordinateur, sa tablette ou son smartphone. Cet échange vidéo sera facturé 25 euros et remboursé dans les mêmes conditions que pour une consultation classique.

A bien des égards, la télémédecine marque un tournant dans l’accès aux soins. Les malades chroniques, les patients installés dans des déserts médicaux, les personnes âgées ou à mobilité réduite bénéficieront ainsi de cette « visite médicale à domicile » sans que le médecin ne se déplace.
Plusieurs garde-fous ont été prévus pour sécuriser cet échange et pour éviter que cette nouvelle pratique médicale ne se transforme en plateforme industrielle de consultations gérée par des complémentaires santé. Le médecin traitant reste au cœur de ce dispositif et le patient pourra y avoir recours à condition d’avoir vu au moins une fois dans l’année ce professionnel.

Le lancement de la consultation à distance pourrait paraître paradoxal à l’heure où les pouvoirs publics entendent développer la médecine de proximité. Certains redoutent en effet que la médecine générale soit désincarnée avec un praticien qui remplacerait les chaises de sa salle d’attente par des écrans d’ordinateur.

La télémédecine est au contraire une occasion unique de redonner au médecin de ville toute sa dimension.
A condition que ces nouvelles technologies l’engagent à modifier sa façon d’exercer au cabinet. Par exemple, en développant des consultations où l’interrogatoire, l’examen clinique, la prévention retrouveraient tout leur sens. Le temps gagné grâce à la télémédecine lui permettra également de participer à la régulation des urgences au sein de structures mixtes ville-hôpital.

L’Assurance maladie pourrait, elle aussi, s’y retrouver financièrement. Près de 90 % des consultations chez le généraliste donnent lieu à une ordonnance. Justifiées dans la majorité des cas, les prescriptions du médecin peuvent être aussi liées à la pression des patients. Celle-ci  serait sans doute allégée avec un échange à distance. Cela suppose néanmoins qu’il remplace une consultation classique et ne vienne pas s’ajouter à l’activité habituelle du praticien.

Aujourd’hui, les pouvoirs publics tablent sur 500.000 actes en 2019, un million en 2020, 1,3 million en 2021. Une croissance exponentielle qui souligne l’importance du phénomène.
Faute d’avoir anticipé l’arrivée du numérique dans leur sphère d’activité, de nombreux secteurs ont été victimes de cette déferlante. D’autres, au contraire, se sont relancés avec le digital. C’est bien le défi qui attend aujourd’hui le corps médical.

 

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