Malades du chômage

Six millions de personnes sont à la recherche d’un emploi en France. Certes, le chômage régresse mais la précarité, elle, augmente. 87 % des embauches s’effectuent aujourd’hui en CDD et 83 % de ces contrats ont une durée inférieure à un mois. Entre 2008 et 2017, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi depuis plus d’un an a augmenté de plus de 1,5 million.

Ce bouleversement profond du marché du travail, son impact global sur la situation des demandeurs d’emploi, ne semblent pas interpeller les décideurs. Et pourtant ! « La santé des chercheurs d’emploi (…) appelle à un changement profond des politiques en la matière », alerte, le président de Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC), Gilles de Labarre, dans son rapport 2018 publié cette semaine.
Une « thématique orpheline », pour « une souffrance à bas bruit », poursuit l’association alors que l’enquête Opinion Way /Comisis réalisée pour SNC indique que pour 34 % des personnes interrogées, leur santé s’est dégradée pendant leur période de chômage.
Cette situation n’est pas un facteur déclenchant mais plutôt un « catalyseur ».

Pour autant, les effets directs ont été clairement évalués par Pierre Meneton. 10 000 à 14 000 décès par an seraient « imputables » au chômage, selon le chercheur de l’Inserm. Deux fois plus que pour les actifs du même âge. Ce sont principalement les maladies cardiovasculaires (1), les comportements addictifs liés à la perte d’emploi et les morts violentes (suicides, accidents) qui expliquent cette surmortalité.

Le rapport de l’association dénonce « la sous-estimation collective » de cet enjeu social et humain. Par exemple, l’Assurance maladie ignore le nombre d’arrêts maladie des demandeurs d’emploi. Même silence de la part des acteurs de la santé. « Les effets du chômage sur la santé n’entrent pas dans les programmes des études des professionnels », souligne le rapport.
Ses auteurs suggèrent de réunir les parties prenantes autour d’une conférence de consensus. C’est bien le moins que l’on puisse proposer.

Parmi les facteurs qui vont structurer le nouveau monde cher à Emmanuel Macron,   l’emploi précaire est sans doute le plus violent. Ne pas prendre la juste mesure de ses conséquences reviendrait à détricoter le modèle français.

(1) Infarctus du myocarde, troubles du rythme, insuffisance cardiaque et accidents vasculaires cérébraux.

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