Urgences saturées, généralistes mobilisés

Payer un hôpital pour ne pas prendre en charge un patient. Il faut avoir une certaine de dose de culot pour faire une telle proposition. C’est pourtant ce que vient de faire le médiatique député de l’Isère, le Dr Olivier Véran (LRM).
Dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale, le rapporteur général de la commission des affaires sociales a fait adopter un amendement en commission pour désengorger les services d’urgence. Il prévoit de verser entre 20 à 60 euros chaque fois que l’hôpital oriente un patient présentant une pathologie bénigne vers un médecin de ville. Ce forfait de réorientation compenserait en partie la perte subie par l’établissement. Un passage aux urgences hospitalières rapporte environ 160 euros. De plus, six millions d’assurés pourraient, s’ils le veulent, s’éviter de heures d’attente dans des services surchargés, selon ce député.

Tout le monde s’accorde sur le constat. 25 à 30 % des 23 millions de passages annuels aux urgences relèvent de la médecine de ville. Ce dispositif semble donc être marqué au coin du bon sens. Sur le papier, en tout cas.
Dans les faits, la mesure appelle de nombreuses questions. Qui sera chargé de cette régulation de la « bobologie » ? La mesure serait contre-productive si l’hôpital doit mobiliser un médecin. La question de la responsabilité se pose également si l’assuré a été orienté à tort vers des praticiens libéraux alors que son état réclamait des soins rapides.
Et surtout, par quel miracle les généralistes déjà débordés pourraient-ils absorber ces consultations non programmées ? Le président du principal syndicat de médecins libéraux (CSMF) a porté le coup de grâce en relevant un paradoxe : « donner 60 euros à l’hôpital pour qu’il envoie un patient voir un médecin de ville à 25 euros la consultation, vous trouvez ça logique », demande le Dr Jean-Paul Ortiz dans les colonnes du Monde.

Pourtant, relate le quotidien, des expérimentations comparables ont été menées avec succès dans plusieurs départements. Et la ministre de la Santé a apporté cette semaine son soutien à cet amendement. Mais la levée de boucliers qu’il a suscité dans le monde de la santé risque de tuer dans l’œuf  l’application  de cette mesure. Peut-être parce que l’adoption d’une amendement devrait être l’aboutissement d’une concertation et non le préalable.

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