Urgences à réformer

Morte sur un brancard dans une salle de soins des urgences de l’hôpital Lariboisière (AP-HP). Déposée par la brigade des sapeurs pompiers le lundi 17 décembre à 18h 45, une patiente de 55 ans, qui se plaignait de maux de tête et de fièvre, a été, selon l’AP-HP, enregistrée «par l’infirmière d’accueil dans le circuit de prise en charge du service. ». Le lendemain, à 6h 20, cette femme a été retrouvée sans vie dans la zone de soins.

Que s’est-il passé durant ces douze heures ? A-t-elle été vue par un médecin ? Une enquête interne est ouverte et le Parquet de Paris a été saisi pour « recherche des causes de la mort ».

Sans préjuger des conclusions, ce drame illustre une fois encore la situation explosive des urgences hospitalières. Celles de Lariboisière drainent 250 passages par jour avec des pics de 10 à 15 % de plus le lundi. La fréquentation augmente d’année en année, les effectifs ne suivent pas et les budgets sont rognés.
Des soignants exténués, des patients exaspérés, ce fonctionnement à flux tendu transforme le quotidien du personnel en situations au bord de la rupture. Avec ces drames à la clé.

L’hôpital de l’AP-HP n’est pas une exception. Depuis le début l’année, des décès dans des circonstances équivalentes dans d’autres hôpitaux rappellent une terrible équation. 23 millions de personnes passent chaque année par des services d’urgence, soit une progression annuelle de 3,5 %. « Si une partie de cette hausse trouve sa source dans le vieillissement de population et la croissance de la prévalence ces maladies chroniques », expliquait en mai dernier Thomas Mesnier dans un rapport (1) remis à la ministre de la Santé, l’autre raison tient à l’organisation des soins. 43 % des entrées aux urgences relèvent en fait de la médecine de ville ! Tous les urgentistes le crient haut et fort et, dans bien des cas, les libéraux déjà dépassés par leur patientèle regardent ailleurs.

« Notre système de santé est arrivé à bout de souffle et sa transformation est indispensable », soulignait le député LREM de Charente dans son document. Pour « réinventer notre système de premier recours », ce médecin proposait de le « réorganiser à l’échelle des bassins de vie ». En clair, partir de la demande de la population pour créer des « communautés professionnelles territoriales » associant médecins libéraux et soignants hospitaliers. Un numéro national d’appel unique permettrait « d’orienter les patients de façon optimale », selon l’élu.

Dans son plan santé 2022 présenté en septembre dernier, Emmanuel Macron évoquait la nécessité d’un maillage entre la ville et l’hôpital. De son côté, Thomas Mesnier suggérait que les Agences régionales de santé jouent un rôle déterminant dans cette convergence territoriale. Les ARS existent depuis 2010, il serait temps qu’elles désamorcent ces bombes.

(1) Organiser les soins non programmés dans les territoires, mai 2018

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s