Elles sont nombreuses, stars internationales et vedettes françaises, à afficher avec fierté leur maternité tardive. Si les photos de la maman et du nouveau né ont colonisé les rubriques people des magazines, être mère après 40 ans n’est pas une mode mais plutôt un phénomène de société.
En France, ces grossesses représentaient 3,7 % des naissances en 2004 contre 1,4 % en 1984. Elles sont « de plus fréquentes dans les pays développés », note l’Ined (1) dans une étude (2) publiée cette semaine.
En Europe, dans certains pays du nord, de l’ouest et du sud, ces taux de naissance ont été multipliés par 3 à ou 4 pour atteindre 6 % en Espagne en Irlande et en Italie, 4,1 % au Royaume-Uni et 3,9 % en Allemagne.
Ce « retard des naissances », expliquent les deux chercheurs (2), résulte « d’une combinaison de facteurs comme l’allongement des études, l’évolution du statut des femmes et des relations entre les sexes, les changements de la vie du couple (…) et l’incertitude économique croissante ». Comme les hommes, les femmes s’investissent de plus en plus dans un monde du travail qu’elles jugent, par ailleurs, de plus en plus précaire.
Mais contrairement à une idée reçue, le phénomène des maternités tardives n’est pas nouveau. « Elles étaient fréquentes jusqu’au milieu du XXe siècle », rappelle l’Ined. Pour des raisons différentes. « Les familles nombreuses étaient courantes, et beaucoup de femmes continuaient d’avoir des enfants jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus concevoir ».
La tendance s’est inversée à partir des années 50. En France, une femme sur dix née vers 1965 avait une famille de quatre enfants contre une sur quatre née en 1930. Selon spécialistes, « la diffusion de la contraception moderne a beaucoup contribué au déclin des maternités tardives ».
Après les grossesses contrôlées, s’ouvrent dans les années 90, l’ère des maternités retardées. Et c’est encore une fois la science qui va modifier le cours des choses avec la fécondation in vitro (FIV). Même si les femmes se heurtent à un certain nombre de restrictions dans plusieurs pays, relève l’institut.
A l’inverse les Etats-Unis ont adopté une politique très libérale en la matière. La FIV est à l’origine de 11 % de toutes les naissances chez les femmes de plus de 40 ans avec, en majorité, un don d’ovules chez les plus de 45 ans.
« La parentalité tardive semble vouée à se poursuivre, favorisée par les changements socio-économiques et culturels », admettent les auteurs de l’étude.
En juin prochain, dans le cadre de la révision des lois de bioéthique, les parlementaires français devront se prononcer sur la possibilité pour une femme de congeler ses ovocytes dans le but d’augmenter ses chances de réussite dans le cadre d’une grossesse tardive. Si cette disposition est adoptée, la France rejoindra alors la liste des pays qui autorisent ou tolèrent « l’autoconservation sociétale » comme l’Espagne et l’Italie. Là où le pourcentage de maternités tardives est le plus important.
Car le « tic-tac » de l’horloge biologique, dont parlent les démographes en ouverture de leur étude, lui, n’a pas changé. La proportion de femmes ne pouvant plus concevoir passe de 17 % à 40 ans à 56 % à 45 ans. Plus de la moitié des grossesses à 42 ans et plus se terminent par une fausse couche.
(1) Institut national d’études démographiques
(2) Population et Sociétés : Les maternités tardives : de plus en plus fréquentes dans les pays développés. Eva Beaujouan et Tomas Sobotka