Le chiffre est trompeur. En France, une personne majeure sur trois ne vit pas en couple. Pour autant, ce mode de vie n’est pas synonyme de solitude. Un quart des personnes dites seules entretiennent une relation amoureuse stable. C’est ce que révèle l’enquête Epic (1) publiée ces jours-ci par l’Ined (2). Elle permet d’estimer la part « des personnes en couple non cohabitant aux différents âges de la vie et la probabilité d’emménager sous le même toit à mesure que l’on avance dans la relation ».
Le choix d’être ensemble sans partager le même domicile obéit à deux logiques. Pour les uns, il s’agit d’une « période d’essai » avant de s’engager durablement. D’autres souhaitent inscrire ce mode de vie conjugale dans la durée. Comme une alternative au schéma classique. Avec cependant une constante, souligne l’Ined : « Dans 9 cas sur 10, une relation cohabitante est précédée d’une période où les conjoints ne résident pas ensemble ».
Le « chacun chez soi » est particulièrement apprécié chez les moins de 30 ans. Il s’agit le plus souvent d’une première relation stable dans une période qui ne l’est pas. Etudes, premier emploi, solidité de la relation amoureuse, le couple cherche à mettre tous les atouts de son côté avant de s’engager pleinement. Dans 7 cas sur 10, les personnes ont néanmoins l’intention de s’installer avec leur partenaire dans les deux ans.
Passé le cap de la trentaine, cette période probatoire est plus rare. Sauf dans la tranche des 45-55 ans qui doit affronter des zones de turbulence. « A ces âges, relève l’étude, les non-cohabitants sont nombreux à avoir déjà vécu en couple et n’aspirent plus nécessairement à une vie commune ».
Plusieurs facteurs liés au passé de ces personnes entrent en jeu. Après deux ans, la probabilité du « chacun reste chez soi » est de 42 % chez des couples dont l’un des conjoints a été marié et de 23 % si aucun des deux ne l’a été. « Une histoire conjugale passée longue, marquée par un mariage, dont la séparation a pu être déstabilisante, peut s’accompagner d’une attitude de prudence dans le cadre de la nouvelle relation, contribuant à retarder la vie commune », avancent les auteurs de l’enquête.
Mais c’est surtout la présence d’enfants qui modère les ardeurs de vivre sous le même toit. Si les deux partenaires ont eu des enfants avant leur relation, la probabilité de rester non cohabitant au bout de deux ans est de 47 % contre 19 % pour les couples sans enfant. C’est particulièrement vrai chez les femmes. « La résidence des enfants, plus souvent fixée chez la mère après une séparation, peut expliquer en partie cette différence », souligne l’Ined.
En résumé, les jeunes souhaitent réfléchir avant de vivre ensemble. Leurs parents, ceux qui ont réfléchi à deux fois, choisissent de ne plus le refaire !
(1) L’enquête Étude des parcours individuels et conjugaux (Épic) a été mise en place par l’Ined et l’Insee en 2013-2014 en France métropolitaine auprès de 7 825 femmes et hommes âgés de 26 à 65 ans vivant en logement ordinaire.
(2) Institut national d’études démographiques.