Les Français redoutent les inégalités face au cancer

Un exemple pour le monde. A lecture du rapport de la Dress sur les dépenses de santé publié cette semaine, la France a de quoi pavoiser. Parmi les pays de l’OCDE, nous sommes celui où le reste à charge pour les ménages est le plus faible : 9 % contre 22 % en moyenne, ailleurs. En clair, sur les 3 037 euros que représente le poste santé par habitant et par an, les assurés déboursent 214 euros de leur poche.
Néanmoins, cette place enviée de leader a un coût. Avec un budget de 203,5 milliards, la santé représente 11,3 % du PIB, soit un point de plus que les pays de l’Union européenne (UE).
La recette de ce succès tient en partie à la maîtrise de l’offre des acteurs de soins. Nos professionnels de santé sont parmi les moins biens payés de l’UE. Le montant de la consultation du médecin généraliste est deux fois plus élevé en Europe, les salaires des autres professionnels de santé sont également plus conséquents au–delà de nos frontières. Ce traitement est à l’origine de la plupart des tensions en médecine de ville et à l’hôpital. Il conduit à une course à l’acte chez les premiers et génère un ras-le-bol dans le secteur hospitalier.

Des Français bien remboursés, des blouses blanches saturées, notre système est-il efficient ? Oui, si l’on se réfère à l’augmentation régulière du nombre de personnes prises en charge à 100 % au titre des affections de longue durée (maladies chroniques) ou à la création de la couverture santé universelle. Non, si comme la ministre de la Santé, on estime que plus de 30 % des actes médicaux sont redondants ou inutiles.

Mais surtout, notre système si généreux avec les patients et si coûteux pour la collectivité serait générateur d’inégalités. Exemple, le cancer. Trois millions de personnes vivent avec cette maladie et 382 000 nouveaux cas sont déclarés chaque année. Selon la 7e édition de l’Observatoire Cancer Institut Curie-Viavoice publié cette semaine, 7 Français sur dix estiment qu’il existe des inégalités face à la maladie. Le lieu de résidence (45 %), l’accès à l’information (42 %), la situation familiale (39 %) sont parmi les raisons avancées. Mais le niveau de revenus, (49 %) reste, selon ce sondage, la première source d’inégalité. « Ces différents facteurs peuvent pénaliser les patients aux différents stades de leur prise en charge », relève l’Institut Curie : l’accès au dépistage, aux établissements, aux professionnels et aux traitements de pointe, les recours limités à des techniques ou à des soins complémentaires « qui impliquent des restes à charge ».
Et son président, le Pr Thierry Philip, de tirer la sonnette d’alarme. En 2000, rappelle-t-il, le coût du cancer s’élevait à 15 milliards dont 1 milliard pour les médicaments. Aujourd’hui, ce poste coûte 3,5 milliards à la collectivité et devrait atteindre 10 milliards en 2025 avec les thérapies innovantes. Conclusion du spécialiste : « L’impact sur le budget de l’Assurance maladie est tel qu’il sera à même de fragiliser et de remettre en cause l’égalité d’accès à l’innovation et aux meilleurs traitements à l’ensemble des citoyens ». 43 % des Français partagent cette crainte. Pour garder sa place dans la santé, le champion du monde doit se réinventer ! Pour proposer un nouveau modèle français.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s