Obésité: alléger le poids de la stigmatisation

Du « gros lard » au « vous mangez trop, il faudrait vous bouger », la vie d’une personne en  surpoids ou obèse est souvent jalonnée d’insultes ou de stigmatisation. Que ce soit dans la cour de récréation ou à l’occasion d’une consultation médicale. Comme la personne visée est, bien sûr, « la première responsable de sa maladie », elle doit se soumettre à la sentence de la double peine.
Et la société qui l’entoure se rassure en résumant un parcours à une maladie métabolique. En la rangeant dans une case, nous évacuons notre propre angoisse de sortir de la norme et du socialement admis. Cette grossophobie est une des formes les plus redoutables de discrimination et d’exclusion.

Dès la naissance, le poids devient un marqueur aussi visible que le bracelet que porte le nouveau-né. Combien de mamans obèses ont-elles entendu après l’accouchement qu’elles devront réduire le nombre de biberons de leur enfant ? Déjà, les personnels soignants ont ouvert, malgré eux, un chemin qui va s’avérer de plus en plus escarpé.
En primaire et durant son adolescence, l’enfant va suivre sa courbe d’IMC comme un parcours du combattant. Restrictions, régime, activité physique forcée, l’étau se resserre autour de lui conduisant inexorablement à des situations d’isolement ou d’enfermement. A l’idée du plaisir de la gourmandise se substitue celle de la souffrance et de l’échec.

Il n’est pas question ici de nier les chiffres et la Journée mondiale de lutte contre l’obésité rappelle cette réalité cruelle. 60 % de population composant les 52 pays de l’OCDE et de l’Union européenne est en surpoids (54 % en France) dont 25 % sont obèses (17 % en France). Dans son rapport publié cette semaine, l’OCDE estime que 92 millions de décès prématurés sont attendus d’ici à 2050 et que l’obésité va amputer notre espérance de vie moyenne de trois ans. La surcharge pondérale étant à l’origine de nombreuses maladies chroniques comme les cancers, le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires et respiratoires. Sans compter la facture de 425 milliards d’euros qui fragilise les systèmes de santé à l’échelle mondiale.

Dans cette perspective d’apocalypse, l’OCDE pointe une lueur d’espoir. Elle passe par une politique de prévention ambitieuse mettant en jeu l’éducation, la formation, les politiques de santé et de la ville. Cette mobilisation globale impose qu’elle soit centrée sur l’individu et non sur le malade. Que les répercussions psycho-sociales soient considérées au même niveau que l’accompagnement médical. Une véritable révolution !

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