Fumée blanche pour le cannabis thérapeutique

Il en aura fallu des débats d’experts, des commissions, des affrontements politiques pour parvenir à ce résultat. C’est à main levée que les députés ont donné leur feu vert le 25 octobre dernier à une expérimentation de l’usage médical du cannabis. Après des années de tergiversation, la France rejoint enfin les 17 pays de l’Union européenne qui ont autorisé ce type de traitement pour soulager la douleur dans plusieurs pathologies.

En se déclarant en juillet dernier favorable à une expérimentation encadrée, l’Agence du médicament (ANSM) avait déjà levé les derniers freins médicaux.
Mais c’est sans doute le 5 avril dernier que le Premier ministre a véritablement débloqué la situation sur le terrain politique. En déplacement dans la Creuse, Edouard Philippe répond à des élus locaux qui portent un projet de développement de la culture de cette plante à des fins médicales. « Il y a beaucoup de pays qui travaillent là-dessus, beaucoup de pays qui le permettent. Il serait absurde de ne pas se poser la question », lâche le locataire de Matignon. La parole est donnée, reste à la mettre en musique.

Olivier Véran en sera le chef d’orchestre. Le député LREM dépose il y a quelques jours un amendement dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour autoriser cette expérimentation dès 2020. Les députés acquiescent.

Celle-ci doit durer deux ans et concernera 3 000 patients souffrant de certaines formes d’épilepsie, de douleurs neuropathiques, d’effets secondaires de chimiothérapie, de soins palliatifs ou de contractions musculaires incontrôlées dans la sclérose en plaques. « Ce n’est pas le Graal de l’antidouleur », a précisé le député de la majorité, mais simplement un moyen de recourir à « un nouveau traitement adjuvant ».
Prescrits en première intention à l’hôpital, dans des centres spécialisés, ces produits, à base de fleurs séchées, de tisanes ou d’huiles, comprendront dans des doses adaptées à la douleur du patient deux principes actifs le tetrahydrocannabinol (THC) aux effets psychoactifs, et le cannabidiol (CBD).

Mais le plus dur reste à faire : mesurer le bénéfice médical de l’usage du cannabis. En effet, les pays qui y ont recours le font pour des maladies et avec des indications différentes. « Il n’y a pas de bilan scientifique homogène sur ce sujet », résumait l’addictologue William Lowenstein. Certes, plusieurs études montrent une nette amélioration du confort de vie des patients mais les propriétés antalgiques restent le plus souvent à démontrer.

Les acteurs de cette expérimentation devront aussi veiller à limiter les trafics inhérents à la circulation de tels produits. Le Subutex, traitement de substitution aux opiacés, en est le parfait exemple. Enfin, le gouvernement devra éviter de tomber dans le piège tendu par tous ceux qui ne manqueront de faire l’amalgame entre usage médical et dépénalisation du cannabis. Pour que l’intérêt des patients soit préservé. Et que leur douleur ressentie soit mieux prise en compte par la médecine.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s