Aujourd’hui, ce n’est pas seulement la fête du Beaujolais nouveau mais c’est aussi celle de l’ensemble de la filière viticole. Selon plusieurs sources concordantes, le gouvernement aurait abandonné l’idée de soutenir la campagne Mois sans alcool qui devait se dérouler en janvier prochain. L’agence Santé publique France peut donc ranger dans les cartons les opérations qu’elle comptait mener pour nous encourager à réfléchir à notre consommation d’alcool.
Lors d’un déplacement en Champagne, le président de la République aurait lui même assuré aux représentants du secteur qu’il n’y aurait pas de Janvier sec. Une nouvelle victoire pour l’Association nationale des Elus de la Vigne et du vin qui rappelle, dans un communiqué, que « les vignerons font aujourd’hui face à de graves difficultés commerciales ».
Les intérêts économiques du lobby viticole auraient-ils une nouvelle fois primé sur la santé publique ? Sans aucun doute. Mais que dire aux familles des 40 000 morts prématurés liés à l’alcool ou aux femmes victimes d’auteurs de violences conjugales dont la moitié sont sous l’emprise de boissons fortes ou de stupéfiants ?
Simplement que la France s’interdit d’ouvrir un débat responsable sur cette question sous prétexte que ce secteur emploie près de 600 000 personnes ou qu’il exporte 30 % de sa production.
L’idée du Dry january comme l’appellent les Anglais, n’est pas d’interdire la consommation d’alcool durant un mois. Sur un temps donné, ce rendez-vous est l’occasion de réfléchir à sa propre consommation, de l’évaluer en fonction de son mode de vie et, éventuellement, de la corriger. Le succès du Mois sans tabac tient justement à cette prise de conscience individuelle dans le cadre d’un défi collectif.
Les adversaires du Mois sans alcool, comme Emmanuel Macron et les lobbys, dénoncent la radicalité de ce concept pour mettre en avant une consommation responsable. L’arme de la caricature pour enterrer le sujet. Car qui, parmi les addictologues et les nombreuses associations qui soutiennent cette opération, prône l’abstinence ? Aucun. Au contraire, tous sont engagés dans une politique de réduction des risques et d’accompagnement des personnes fragilisées par les excès. Pour des raisons différentes, les pouvoirs publics refusent d’entamer ce dialogue sur l’alcool et le cannabis.
Alors tous ceux qui auront le vin mauvais par ces nouveaux renoncements de la puissance publique pourront toujours se rabattre sur des opérations citoyennes comme Janvier sobre, qui défend l’idée « d’une consommation d’alcool à moindre risque, beaucoup plus adaptée à la culture française ». Comme dit le slogan : « ça ressemble à de l’alcool, mais ce n’est pas de l’alcool ».