Du jour au lendemain. Qui d’entre nous n’a pas eu besoin de consulter son médecin traitant en urgence ? Migraine violente, intoxication alimentaire, dos bloqué, diarrhée, autant de demandes pour soi ou un enfant qui bousculent l’agenda quotidien des médecins. D’ailleurs, relève un rapport de la Drees, 80 % des généralistes se sont organisés pour prendre en charge ces situations, Et elles n’ont rien d’exceptionnelles. Pour la plupart de ces professionnels (4 sur 5), ces « soins non programmés » (SNP) représentent près d’un tiers de leur activité, soit, au total, 35 millions de consultations par an.
Des plages de consultation sans rendez-vous sont proposées dans la journée (un cabinet sur deux) ou un jour dans la semaine. Et lorsque le médecin ne peut pas faire face à toutes les demandes, les patients sont réorientés vers des confrères libéraux ou vers les services d’urgence. C’est le cas principalement pour les généralistes qui doivent gérer une patientèle importante avec des malades chroniques nécessitant des soins réguliers. Ceux qui exercent en groupe acceptent plus volontiers des SNP.
Au final, un généraliste sur quatre est en mesure de répondre à la totalité des demandes.
Les autres assurés prennent leur mal en patience ou vont grossir les files d’attente des urgences créant ainsi les situations d’engorgement que chacun d’entre nous a connues. Ainsi, près de 30 % de ces demandes de soins ne relèvent pas de ces services hospitaliers mais de la médecine de ville, clament les pouvoirs publics. En proposant ni plus ni moins de faire un retour à l’envoyeur, c’est-à-dire de remettre dans le circuit ambulatoire des patients qui en viennent.
Dans un rapport remis au gouvernement en 2018, le député, Thomas Mesnier, avait proposé de réorganiser en urgence l’offre de soins ambulatoire pour faire face à la hausse des SNP.
Les projections démographiques établies par la Drees donnent en effet la mesure de la situation. Les effectifs des médecins libéraux devraient diminuer jusqu’en 2027 et « seraient alors inférieurs de 24 % à leur niveau de 2012 ». Ce recul s’élèverait à 30 % pour les généralistes dans une période de « croissance de vieillissement de la population ».
Ce n’est pas un hasard si quatre généralistes sur quatre s’attendent à une baisse de l’offre de soins dans les années à venir. Une perception particulièrement marquée dans des territoires à faible densité médicale. Si rien n’est fait, nombre d’entre eux viendront s’ajouter à la liste déjà longue des déserts médicaux.
Les médecins hospitaliers dénoncent aujourd’hui par des mouvements de grève une situation explosive dans le secteur public. La situation de leurs confrères libéraux n’en est pas moins tendue. Leur colère est aujourd’hui silencieuse mais pour combien de temps encore ?