Marlboro à 10 euros: un tournant

S’il n’avait pas quitté la terre, le cow-boy légendaire en serait tombé de sa selle. Le 1er mars prochain, le prix du paquet de Marlboro passera à 10 euros (9, 30 aujourd’hui). Tout une symbole pour une génération de fumeurs qui était entrée dans le tabac avec la marque rouge et en s’imaginant parcourir les grands espaces américains à cheval aux côtés d’un personnage emblématique.

Pour la marque la plus vendue en France, cette augmentation de 70 centimes n’a rien d’anodine. Philip Morris, qui représente près de la moitié du marché dans le pays, a donc décidé de répercuter le relèvement de la taxe de 50 centimes imposé par les pouvoirs publics. Souvent, les industriels absorbent une partie des taxes pour proposer un prix encore attractif et ne pas décourager le consommateur. Là, le fabricant a même rajouté 20 centimes au prix de vente du paquet.

Comment expliquer cette surenchère ? Car tous les experts se rejoignent sur un point : une augmentation significative et répétée du prix des cigarettes est le moyen plus efficace pour réduire la consommation de tabac. Plus 10 % sur le prix, c’est 4 % de moins sur les ventes. L’effet est multiple. Les gros fumeurs restreignent leur consommation, ceux qui crapotent de manière occasionnelle achètent moins de paquets et, surtout, les jeunes entrent moins dans le tabac. En faisant passer le prix du paquet à plus de 20 euros, l’Australie a divisé par deux le nombre de fumeurs (14 %).

Avec 25 % de la population qui fume quotidiennement, la France n’est pas encore une référence dans la lutte anti-tabac. Mais elle en prend le chemin à condition que les mesures courageuses adoptées par le passé se poursuivent. Entre 2016 et 2018, 1,6 million de personnes ont écrasé leur dernière cigarette. Le gouvernement précédant avait instauré le paquet neutre, celui d’Emmanuel Macron s’est engagé dans une hausse régulière de la fiscalité. En deux ans, le prix moyen du paquet augmentera  de deux euros. Après celle de mars, une deuxième hausse est prévue en novembre. Résultat, les ventes ont baissé de 9 % en 2018 et de 7% en 2019 sur le marché officiel. Mais elles ont bondi sur les réseaux parallèles.
Dans cette politique de réduction des risques, d’autres leviers que celui de la fiscalité ont été actionnés avec succès. L’opération « Mois sans tabac », le remboursement des substituts nicotiniques sont les plus marquants. Mais curieusement, les décideurs restent passifs sur la cigarette électronique alors qu’elle démontre tous les jours son efficacité dans la réduction tabagique.
A la différence des industriels qui, eux, lorgnent sur ces nouveaux marchés. En fait, tout se passe comme si ces géants battaient en retraite dans la guerre contre le tabac que mènent les pays riches pour mieux rebondir ailleurs, en Asie, par exemple, et avec d’autres produits.

En déboursant dix euros le 1e mars pour s’acheter son paquet de Marlboro, le consommateur se dira peut-être qu’il vit la fin d’une époque. Et notre cow-boy pourra enfin reposer en paix. Il était non fumeur !

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