Sextape : ce que cette pratique montre de nous

Effet de mode ou révolution, la réalisation et la diffusion de photos et de vidéos à caractère sexuel prennent de plus en plus de place dans nos lits, quitte à exposer notre intimité en place publique. L’affaire qui a conduit Benjamin Griveaux à renoncer à la course des municipales à Paris montre à l’évidence qu’un nouveau palier vient d’être franchi.
Ce qui n’était qu’un jeu entre adultes consentants s’est transformé en affaire d’Etat, obligeant le président de la République à exfiltrer en catastrophe l’un de ses meilleurs ministres. On peut y voir l’histoire du chevalier blanc qui tombe brutalement de sa selle, celle du piège des réseaux sociaux ou encore notre volonté de transgression par rapport à une morale et des codes de plus en contraignants.

Cette affaire est sans doute un mélange de tout cela. Le digital étant l’outil idéal pour ces nouvelles formes d’expression, voir d’exhibition. D’ailleurs, un Français sur quatre (22 %) reconnaît avoir eu recours à un ordinateur ou à un mobile pour faire « l’amour virtuellement » avec son partenaire avec des sms, des photos ou des vidéos, selon un sondage que vient de réaliser l’Ifop pour le magazine Hot vidéo (1). L’effet générationnel est incontestable. Ces jeux érotiques séduisent 44 % des 18-25 ans. Ils n’étaient que 10 % dans ce cas en 2014.
Recevoir des images d’une personne nue ou montrant son sexe (dickpic) est une réalité pour 19 % des personnes interrogées et une éventualité pour 9 %.

Le stade du message coquin (34 % y ont recours) est largement  dépassé. Les sextapes réalisées avec un smartphone ou une webcam témoignent de nos envies de casser la routine, de s’identifier à des stars qui étalent leur vie sexuelle ou de réaliser dans un univers clos nos fantasmes, qu’il s’agisse de voyeurisme ou d’exhibitionniste. Mettre en scène une vie ordinaire en y ajoutant le plaisir, ces  nouvelles formes de relations sexuelles sont de simples photographies de notre époque.
Avec, cependant, son revers négatif : le revenge porn. Cette pratique qui consiste à diffuser largement sans le consentement du partenaire des images normalement réservées à la sphère privée a fait tomber l’ancien ministre d’Emmanuel Macron et plusieurs people. Et les Français en ont peur. Un sur trois le redoute, selon l’enquête Ifop, mais seulement 7 % l’ont fait ou pourraient le faire.
Là, il ne s’agit plus de se regarder dans la glace, seul ou accompagné, mais d’être livré aux regards goguenards ou réprobateurs du web. Ceux qui se délectent, qui jugent et condamnent dans l’instant. En nourrissant le secret espoir qu’eux-mêmes ne seront pas pris dans les mailles d’une toile sale.

(1) Enquête menée auprès d’un échantillon de 1 002 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

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