Coronavirus : l’épreuve de stade 3

Sibeth Ndiaye a laissé peu de place au doute en affirmant  qu’il est « peu probable malheureusement » que la France échappe au stade 3 de l’épidémie de coronavirus. La porte-parole du gouvernement n’a fait que préparer les Français à une décision importante que doit annoncer sous peu l’exécutif dans la lutte contre le Covid-19. Emmanuel Macron et ses ministres savent que le climat d’anxiété va également monter d’un cran dans l’opinion. Le chef de l’Etat prend donc le temps de peaufiner le plan de communication.

Passer du stade 2 au 3 signifie d’abord que la puissance publique n’a pas pu freiner la propagation du virus. Il est transmissible et circule sur tout le territoire. La donne change. Il n’est plus temps de remonter les chaînes de contamination mais de faire face à une situation épidémique dans tout le pays.
Nous sommes en position défensive et cette stratégie va impacter un peu plus notre vie quotidienne et les activités collectives. Des transports en commun risquent d’être mis à l’arrêt, les fermetures de crèches, d’écoles, l’annulation de manifestations sportives, culturelles ou religieuses devraient se multiplier dans les prochains jours.
La ministre de la Transition écologique Elizabeth Borne s’est voulue rassurante en début de semaine en affirmant  « qu’il n’est pas question d’arrêter de faire rouler les trains ». Ce jeudi, un agent de station travaillant sur la ligne 6 du métro parisien a été testé positif au coronavirus. La RATP a indiqué que cette femme « vend des billets » et pouvait être mobile dans la station. Mais la Régie n’a pas encore précisé si des fermetures de ligne sont envisagées.

Les pouvoirs publics seront donc amenés à prendre des décisions au cas par cas ou en fonction de la situation dans tel ou tel territoire. A l’inverse, des mesures de restriction collectives devront s’appliquer dans des endroits où le virus circule moins. Ce pilotage sanitaire rendra moins lisible l’action du gouvernement pour les citoyens.

Mais  c’est sur le système sanitaire que le passage au stade 3 aura le plus d’impact. D’abord, l’ensemble des ressources hospitalières et de médecine de ville va être mobilisé. Les blouses blanches vont faire face à l’afflux de patients positifs ou non au coronavirus. Non seulement, les hôpitaux ne pourront pas tous les prendre en charge mais les personnels ne disposeront pas de suffisamment de tests de diagnostic pour identifier les cas suspects.
Pour ne pas saturer les capacités hospitalières et pour réserver aux cas graves les lits, les personnes infectées mais sans caractère de gravité seront invitées à rester chez elles. Ce « tri » indispensable, type médecine de guerre, risque d’être mal perçu par la population.

En faisant œuvre de clarté et de transparence, le gouvernement a réussi jusqu’à présent à contenir les critiques et limiter le climat de défiance qui habite aujourd’hui les Français vis-à-vis la représentation nationale. Un autre chapitre de l’épidémie s’ouvre. A la différence du précédent, il va s’écrire au fur et à mesure des évènements.
Le Covid-19 a infecté « l’Etat protecteur ». A lui de montrer que la démocratie et le parler-vrai restent les meilleurs défenses immunitaires pour contrer le virus. Dans cette bataille, inédite par son ampleur, la concorde de l’ensemble de la classe politique serait un atout indéniable.

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