Fécondité : la France, championne d’Europe

Petit rayon de soleil dans un ciel alourdi par le coronavirus. Non seulement, la France détient le record d’Europe de la fécondité mais, en plus, l’indice n’a pas varié entre 2018 et 2019 : 1,84 enfant en moyenne par femme selon les dernières données fournies par l’Ined (1). De fait, aucun des pays n’atteint le seuil de 2,1 nécessaire pour assurer le renouvellement des générations.

Pour la France, il faut remonter à 2010 pour trouver un tel résultat. Mais la stabilité observée depuis plusieurs années est plutôt rassurante. Elle repose non pas sur des facteurs conjoncturels mais plutôt sur des éléments de fond, explique l’auteur de l’étude Gilles Pison.
Dans le gradient Nord-Sud, la France se rapproche du Nord, c’est-à-dire des pays dans lesquels les statuts des femmes sont plus favorables. Les taux de fécondité sont de 1, 75 en moyenne.
Au Sud, souligne le document de l’Ined, « les inégalités hommes et femmes y sont plus marquées et les tâches au sein du couple, moins bien partagées » (1, 26 en Espagne, 1, 35 en Grèce). De même, les politiques pour concilier travail et famille sont moins développées. Résultat, les couples repoussent à plus tard l’arrivée d’un enfant. « A force de la reporter, relève Gilles Pison, une partie des femmes finit par renoncer à la naissance désirée ».

A l’Est, la chute du Mur de Berlin et les périodes d’austérité ont provoqué un effondrement de la natalité dans les dix années suivantes. Des pays comme la Tchéquie, la Hongrie et la Roumanie qui affichaient des taux compris entre 1,82 à 2,22 en 1989 sont tombés à 1,15 et 1,32 enfants.  Aux restructurations industrielles et à la dérégulation du travail se sont ajoutés des facteurs sociétaux : « Les jeunes générations ont par ailleurs adopté les valeurs de l’Ouest qui accordent une priorité à la réalisation de désirs personnels ».
Mais « la parenthèse de la chute du Mur de Berlin » refermée, ces pays retrouvent des niveaux de fécondité comparables à ceux des pays d’Europe.

Les crises économiques ont donc des impacts immédiats sur la fécondité mais les effets sont différents suivant les pays. Au Royaume-Uni, la baisse de la natalité est durable (1,96 enfants en en 2007, 1,68 en 2017). Idem pour les Etats-Unis (2,12 à 1,73 en 2018).

En France, ce recul a été beaucoup plus modeste : 8 % contre 23 % outre-Atlantique. « Sans doute un résultat des politiques sociales et familiales qui ont amorti le choc de la crise et les effets du chômage », avance Gilles Pison.
Les femmes n’ont pas moins d’enfants mais elles les ont plus tard : 30,8 ans en moyenne contre 26,5 en 1977.

(1) Numéro 575 Populations et Sociétés Mars 2020

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