Drôle de guerre

Le monde s’est mis au ralenti alors que le coronavirus tourne à plein régime. Les unes après les autres, partout dans le monde ou presque, les horloges, toutes celles qui régulent notre vie de tous les jours, ont suspendu le temps pour une durée indéterminée.

En quelques heures, nous sommes passés de la prospérité à la guerre puis à l’état d’urgence sanitaire. Les fantassins en blouse blanche ont été envoyés en première ligne pour résister aux assauts d’un ennemi invisible. Et nous, les citoyens, nous devons livrer cette bataille inédite en étant assignés à résidence.
De ce camp retranché, nous voyons, jour après jour, nos certitudes s’effriter par les assauts d’un virus meurtrier. Privés de cette liberté de mouvement, nous apprécions à sa juste valeur chaque rayon de soleil qui éclaire nos journées. Ce qui était vrai hier est aujourd’hui périmé.
Qui aurait dit hier encore que nous devrions montrer un laisser-passer pour acheter une baguette de pain ? Que les rues des villages, les places des grandes villes, les cafés, les restaurants seraient tous les jours de la semaine aussi vides qu’un dimanche d’hiver. 

Qui aurait dit que l’économie mondiale pouvait s’arrêter aussi rapidement que les moteurs des cargos qui la transportent ? Que nous sommes capables de débloquer des milliards alors que nous mégotions dans le temps d’avant pour faire tourner les hôpitaux dans des conditions décentes pour les soignants et le soignés ?

Le coronavirus va sans doute disparaître de la même façon qu’il est arrivé. En gardant une partie de ses mystères. Bien sûr, il est trop tôt pour tirer les leçons d’une crise qui commence mais elle donne déjà matière à réflexion. Pas à la manière de ces chevaliers verts qui prennent prétexte de ce drame pour nous soûler avec leur : « on vous l’avait bien dit ». Ou de ces accusateurs, politiques et autres donneurs de leçons, qui dénoncent les incuries de l’Etat au moment où le pays a besoin d’union, pas de division.

Comme le font les scientifiques à la recherche du patient zéro, il nous faudra refaire le parcours de ce tueur en série. Pas pour juger, pour comprendre. Pourquoi l’épisode du Sras en 2003 ne nous permet pas encore aujourd’hui de freiner plus rapidement la propagation de ces virus émergents ? Comment, à chaque séquence de l’épidémie, l’OMS a-t-elle, pu avoir un train de retard ? En dressant au passage des lauriers à la Chine alors que ses dirigeants ont mis trois semaines ou plus à alerter le reste du monde.
Pourquoi les pays de l’Union européenne ont-il joué leur propre partition nationale jusqu’à la cacophonie alors que nous sommes confrontés au plus grand défi depuis la seconde guerre mondiale, selon les termes d’Angela Merkel ? Cette Europe là, celle qui est censée nous protéger, a perdu toute crédibilité. Il faudra la reconstruire.

Les questions sont nombreuses mais cette épreuve donne aussi des garanties sur nos valeurs et nos choix. Sans ce monde digital si souvent décrié, la pandémie serait dés aujourd’hui une hécatombe humaine avec une économie à l’agonie. Les solidarités entre citoyens ont fait le reste. A commencer par les scientifiques qui ont très rapidement partagé leurs études, leurs travaux, leurs essais pour vaincre à terme  le coronavirus. Les personnels soignants mobilisés sans répit pour répondre aux malades et éviter de devoir les « trier » par manque de ressource. Tous ceux qui font marcher la machine industrielle. .Nous sommes enfermés mais notre cerveau, lui, n’est pas confiné. Et puis, il y a les solidarités de proximité que l’imagination permet d’exercer à distance. Elles sont vitales pour notre tissu social et notre avenir.

C’est une guerre mais c’est aussi une sacrée démonstration d’humanité.

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