Sortie de crise : le casse-tête

Sans grande surprise, Emmanuel Macron annoncera lundi prochain la prolongation du confinement généralisé d’une quinzaine de jours, au moins. Le chef de l’Etat suit ainsi les recommandations du conseil scientifique qui rappelle inlassablement que la guerre contre le Covid-19 est loin d’être gagnée. Même si certains signes apportent une touche d’espoir. Plusieurs services de réanimation soumis ces dernières semaines à de très fortes tensions voient le nombre d’admissions se stabiliser. Dans certaines régions, la chaîne de transmission semble se ralentir. Même si elle n’est pas terminée, la première séquence du confinement devrait atteindre son but : contenir l’afflux de patients graves et éviter la saturation à l’hôpital.

Quel sera l’objectif de la deuxième phase ? Sans doute, la question la plus délicate dans la gestion de cette crise sanitaire. Après un mois « d’assignation à résidence », le président de la République va devoir expliquer que le sacrifice va se prolonger. La situation d’exception s’installe dans la durée. Pas facile à entendre à l’heure où les Français présentent les premiers signes de faiblesse, voire de relâchement. D’ailleurs, les psychiatres multiplient les alertes sur les répercussions mentales de cet enfermement pour les personnes atteintes de troubles mais aussi pour une partie de la population. De plus, l’unité nationale s’est fissurée ces derniers jours avec les polémiques ouvertes dans le monde politique et  au sein de la communauté scientifique.

Emmanuel Macron doit reprendre la main, fixer un nouveau cap et surtout résoudre une équation impossible. Si la phase 1 du confinement  a rempli sa mission, paradoxalement, elle complique la deuxième étape. Selon plusieurs modélisations confirmées par Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, 10 à 15 % de la population « seulement » serait aujourd’hui immunisée. Pour atteindre une immunité de groupe  – qui permet de freiner puis d’enrayer la circulation du virus – le  taux devrait être de 60 %.

Le gouvernement ne peut donc pas compter sur cet effet de masse pour se débarrasser de ce virus. Les scénarios de sortie deviennent plus complexes. Alors que le confinement actuel s’impose à tous et de la même façon, les mesures à venir devront être adaptées à des situations différentes. Certaines régions pourraient rester confinées et pas d’autres ; les plus âgées, les personnes obèses ou atteintes de maladie chroniques, pourraient être priées de rester à la maison ; les tests sérologiques ou la distribution des masques seront sans doute ciblés. Ces dispositions pourront être ressenties comme des  injustices
sociales et créer des fractures dans une société solidaire jusqu’alors.
Et ce n’est pas tout. Les méthodes de traçage basées sur le volontariat, l’isolement des personnes contaminées  dans des centres ou des hôtels feront basculer la perception de cette crise du sanitaire au sécuritaire. D’autant que les citoyens devront sans doute subir plusieurs séquences de déconfinement/confinement pour atteindre un taux élevé d’immunité dans la population.
Là où le chef de l’Etat pouvait en appeler à la nation, il doit aujourd’hui parler à chaque Français. Ce n’est plus une guerre mais des batailles longue sur plusieurs fronts dont il est question.

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