Covid-19 : le chamboule-tout

« Maintenant, je sais qu’on ne sait jamais ». Jean Gabin ne pensait sans doute pas au coronavirus lorsqu’il fredonnait ces paroles au siècle dernier. Et pourtant, elles accompagnent aujourd’hui notre quotidien en temps de crise sanitaire. Ce qui était vrai hier ne l’est plus aujourd’hui, le secondaire devient prioritaire. C’est à cet examen de conscience que nous pousse ce virus meurtrier.

A commencer par le savoir scientifique. Petit saut en arrière. Le XXe siècle a apporté le chaos avec deux guerres mondiales et des réponses avec les conquêtes médicales. Celle des vaccins pour terrasser les grandes épidémies ; celle des antibiotiques pour vaincre les maladies infectieuses ; celle des transplantations pour remplacer les organes. Mais dans les années 90, les certitudes de la médecine clinique ont volé en éclats avec l’émergence du sida. A défaut de l’avoir vaincu, nous l’avons en partie neutralisé. Et le savoir médical s’est fragilisé. Le doute s’est installé.

Trente ans plus tard, les interrogations sont devenues des remises en cause. Pourtant, durant cette période, la médecine a progressé, les chercheurs ont trouvé et les prix Nobel ont couronné des avancées médicales majeures. Mais les grands défis sanitaires sont restés sans réponse. L’antibiorésistance a montré les limites d’un système reposant uniquement sur l’arsenal thérapeutique et les virus émergents  déjouent en permanence les pièges que la science leur tend. Ils apparaissent et disparaissent en fonction de paramètres qui nous échappent. La collaboration scientifique à l’échelle planétaire n’a jamais été aussi étroite, les essais cliniques aussi nombreux, l’intelligence humaine ou artificielle aussi présente et, malgré tout, nous avons en permanence une longueur de retard sur le Covid-19. Comme pour le Sras, Ebola ou le H1N1. A chacune de ces épidémies, les scientifiques tiraient la sonnette d’alarme en criant haut et fort que la prochaine serait plus meurtrière encore. Ces avertissements sont restés sans réponse.

Comment expliquer ces échecs ? Peut-être, regardons-nous ces fléaux et la manière d’y répondre avec les lunettes du XXe siècle. Une médecine qui soigne alors que nos forces intellectuelles devraient s’orienter vers une médecine qui prévient. Au lieu de vouloir vaincre le virus ne pourrait-on pas se concentrer sur les causes de son apparition ? Elles renvoient pour l’essentiel à nos modes de vie. La déforestation qui créé une proximité toujours plus grande entre l’animal et l’homme, la consommation d’animaux  qui favorise les zoonoses, nos surconsommations qui polluent la biodiversité et favorisent la sédentarité.

Lorsque le temps du bilan de l’épidémie de coronavirus sera venu, les procureurs pointeront les erreurs, d’autres règleront des comptes à des fins politiciennes. Espérons que chacun d’entre nous se posera la question : comment éviter que le cauchemar recommence ?

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