C’est le cauchemar absolu pour tout soignant : devoir choisir entre deux patients celui qui a le plus de chance d’être sauvé au détriment de celui dont la survie est hypothétique. Normalement, ce type de dilemme appartient à la médecine de guerre. Devant l’afflux de blessés qui arrivent du champ de bataille, les chirurgiens ont la redoutable tâche de faire ce tri avant d’opérer. « La question que posent la cinquième vague en cours et la sixième vague annoncée est à nouveau celle du tri des patients à admettre en réanimation », reconnaît pourtant le Pr André Grimaldi, dans une tribune publiée par le journal Le Monde. Ce défenseur de l’hôpital public ose dire tout haut ce que les blouses blanches vivent au quotidien dans des services de réanimation saturés par les victimes du Covid. Rares sont ceux qui témoignent. « … Mais la sélection, on l’opère depuis plusieurs jours en fonction du nombre de places. Les plus âgés, les plus comorbides ne rentrent pas. On leur donne des chances avec de l’oxygène à haut débit, mais on préfère garder les lits pour des personnes à meilleur pronostic », avoue au Monde le DrJean-Marie Forel, responsable de la réanimation de l’hôpital Nord de Marseille. Sur l’ensemble des hôpitaux de la cité phocéenne, la plupart des services de réa sont saturés par des patients Covid, dont 86 % ne sont pas vaccinés, précise le quotidien.
En prêtant le serment d’Hippocrate, les médecins se sont engagés à porter assistance à tout patient quelle que soit sa situation, son appartenance religieuse et bien sûr son état. Dans quelques situations, ce fondement est aujourd’hui écorné. Avec le silence coupable des autorités. A crise sanitaire succèdera sans-doute une crise de confiance des hospitaliers à l’égard de la puissance publique.
Puisque le moment se prête aux bons vœux, adressons-les à ces guerriers du quotidien qui livrent une bataille sanitaire sans précédent.